De quoi parle-t-on ?

Haut potentiel, intelligence atypique, sourdon, surefficience mentale, hyperphrénie ... dans ce domaine les définitions ne sont pas aisés d'autant plus que le potentiel intellectuel n'est qu'une facette du problème. Ces notions sont maintenant à la mode et on ne les utilise pas toujours à bon escient, d'où une certaine confusion. De plus, selon les auteurs, les deux termes sont équivalents ou pas. En ce qui nous concerne, nous utilisons à côté de la notion de haut potentiel également le terme de surefficience (Christel Petitcollin) car dans notre expérience clinique c'est un terme qui convient bien à certaines personnes plus concernées par de l'hypersensibilité que par une intelligence hors norme. 

Il semblerait que tout le monde naisse avec un potentiel cérébral élevé, une dominance hémisphérique droite, la capacité de faire instantanément des liens complexes ainsi qu'une sensibilité exacerbée. Peu à peu, au cours du développement, se mettrait en place une inhibition neuronale, qui est un processus d'élagage qui freine le foisonnement neuronal. On considère aujourd'hui que chez 10 à 15% des gens le cerveau continue à garder ces caractéristiques, même à l'âge adulte.

- Douance, surdon, haut potentiel : concerne le 2% de la population qui score plus que 130 de QI. Dans les gens surdoués il y a beaucoup d'hypersensibles mais on peut être très intelligent sans l'être.

- Intelligence atypique : on parle de neuro-atypique ou d'intelligence atypique pour décrire des personnes avec un fonctionnement différent de la population générale. Cela inclut les personnes à haut potentiel, les autistes avec syndrome d'Asperger, les personnes souffrant de troubles dys et de TDAH. Toutes les personnes avec une intelligence atypique ne sont pas des génies mais toutes fonctionnent différemment que la majorité de la population. Indépendemment de la hauteur du QI (au dessus de 125), c'est le fonctionnement cognitif qui est différent : foisonnement des pensées, pensées en arborescence, hyperactivité mentale. Des études poussées sur le fonctionnement cérébral ont permis de démontrer que les zones du cerveau qui s'activent pour résoudre un problème ne sont pas les mêmes que pour l'ensemble de la population.

- Surefficience : selon Christel Peticollin, notion qui décrit un fonctionnement neurologique différent s'exprimant au niveau physiologique, émotionnel et intellectuel. Cela recouvre une pensée différente mais surtout un certain nombre de caractéristiques spécifiques. On peut être considéré comme surefficient à partir d'un QI de 115 (regroupe 15% des gens qui ont une "intelligence supérieure"). Tous les surefficients sont hypersensibles mais l'inverse n'est pas vrai.

- Hypersensibilité : la sensibilité des processus sensoriels est un trait de personnalité inné, présent dans 15 à 20% de la population. Ce n’est pas un trouble de la personnalité mais, comme le 80% de la population n'est pas directement touchée, cela peut représenter un problème dans la vie en société. Être sensible et émotif est en effet considéré comme de la fragilité et de l'immaturité.

- Hyperempathie : les personnes concernées ressentent instantanément l'état émotionnel des gens qui les entourent (sont des "éponges émotionnelles"). Il s'agit plus d'un envahissement émotionnel que de compassion, qui peut être perturbant et épuisant. L'hyperempathie désigne donc une hypersensibilité au vécu d’autrui, qui peut aller jusqu’à s’oublier totalement pour ne faire qu’un avec l’autre (ressentir les émotions et les douleurs de l’autre). Le problème est, d’un côté, le manque de distance et la difficulté de se situer par rapport à ce que l’autre exprime et, d’autre part, le risque de s’identifier à ces ressentis qui ne sont pas les nôtres. D’un point de vue scientifique cette empathie s’explique notamment par une forte concentration de neurones miroirs (neurones actifs aussi bien pendant l’exécution d’une action que lorsqu’on observe l’action exécutée par un autre). Ces neurones miroirs jouent un rôle dans l’apprentissage par imitation mais également dans les processus affectifs.

- Hyperesthésie et hyperlucidité : les 5 sens sont dotés d'une acuité plus intense ce qui fait que les HP captent beaucoup de choses qui passent généralement inaperçues. Certains vivent même une activation croisée des sens dans le cerveau (synesthésie, comme par ex. voir les sons ou entendre des couleurs). Le HP entend et ressent plus intensément, est attentif aux moindres détails. Toutes ces informations sont connectées entre elles, ce qui donne une compréhension plus profonde des choses et même la capacité de prévoir ce qui pourrait se passer.

- Zèbre (dans le Larousse depuis 2020) : Jeanne Siaud Facchin a introduit le terme pour insiter sur la nature différente des HP. Les zèbres sont en effet difficilement apprivoisables, ne se fondent pas dans le décor tout en se distinguant du décor par des caractéristiques propres à chacun d'eux (leur rayures) comme les personnes à haut potentiel. Le terme de zèbre insiste sur la différence de fonctionnement des surdoués : leur personnalité atypique, leur mode de pensée d'être et d'agir différent. Le zèbre est le seul équidé à ne pouvoir être domestiqué ce qui est une belle métaphore de la pensée indépendante des HP.